Les Auteurs

« Le grand hêtre » par Alexandre Rolla

“C’est juste au virage, dans l’épingle à cheveux, au bord de la route. Il y a là un hêtre ; je suis bien persuadé qu’il n’en existe pas de plus beau : c’est l’Apollon-citharède des hêtres. Il n’est pas possible qu’il y ait, dans un autre hêtre, où qu’il soit, une peau plus lisse, de couleur plus belle, une carrure plus exacte, des proportions plus justes, plus de noblesse, de grâce et d’éternelle jeunesse : Apollon exactement, c’est ce qu’on se dit dès qu’on le voit et c’est ce qu’on se redit inlassablement quand on le regarde. Le plus exaordinaire est qu’il puisse être si beau et rester si simple.” (1)

Telle est l’expression de la peinture de Jean-Claude Bourgeois. Ne vous y trompez pas, le geste est sûr, appliqué, minutieux, la technique est complexe, infiniment, mais l’expression est pure. Dans la chaleur des dégradés profonds de terre de Sienne ou dans le froid métallique des petits matins d’hiver, l’artiste dévoile avec passion, acharnement, tous les joyaux qui scintillent au cœur de ses errances. Petit Jean, Alexandre, Eléonore, la maison des Morel, la ferme des Rubis, Bois-Vieil, un arbre, un clocher, une barrière…tant de pépites qui font que chacun d’entre nous palpite. Les yeux mouillés et le cœur serré, on retrouve avec émoi toute la profondeur et la sérénité de notre pays comtois. Rigoureuse et sereine, l’œuvre de Jean-Claude Bourgeois traduit avec humilité le bonheur que peut procurer l’incroyable spectacle de la nature et des êtres qui nous entourent. “Le plus extraordinaire est qu’ils puissent être si beaux et rester si simples…” Il y a quarante cinq ans, Jean-Claude Bourgeois exposait pour la première fois à la Galerie Saint-Placide à Paris ; aujourd’hui le peintre a soixante dix ans, occasion magnifique pour les amis, les amoureux de sa peinture de créer une association pour promouvoir et assurer la pérennité de son œuvre.
Organiser des rencontres, des expositions et d’autres manifestations, produire des recherches et des textes sur l’œuvre de l’artiste, générer des rencontres, tels sont les buts de cette association.
Venez vite et nombreux nous rejoindre dans cette belle aventure !

(1) : Cf : Jean GIONO, un roi sans divertissement, Paris, Gallimard, 1948, p9.


«Les sens et la mémoire » par Véronique Gache-Philippe

 

Homme discret et solitaire, Jean-Claude Bourgeois poursuit depuis toujours son œuvre avec obstination et sincérité.
L’œuvre de Bourgeois rappelle à notre mémoire les racines de notre histoire : la rencontre de l’homme et le royaume de la terre. Son œuvre s’est élaborée autour de son pays natal et de ses figures. Il peint, inlassablement, loin de toutes complaisances anecdotiques, les paysans de son hameau avec leurs gestes familiers, leurs regards, leurs imperfections…. Il peint les lieux ordinaires de l’existence : les maisons comtoises aux grands toits et façades de pierres, les champs d’hiver marqués de barrières, les arbres dépouillés… et parfois des sujets bibliques où il rend l’existence des siens.
Le monde et ses habitants, Bourgeois les restitue au grand langage de la nature. C’est par là qu’il nous atteint encore si directement aujourd’hui : il suggère et transmet ce que habite les profondeurs de l’être, ce qui est l’essence des choses.
Car il y a là le regard du peintre interrogateur et aigu. La peinture de Bourgeois est faite de surfaces nuancées où la matière se plie à la poésie. Les tons ocres, les pigmentations sable piquées d’une pointe chaude de rouge ou rafraîchies d’une trace blanche ou bleutée ; les empâtements fluides et sensuels savamment éclairés par des jeux de clairs-obscurs, donnent à ses personnages une densité grave et charnelle et à ses paysages une dimension intemporelle.
Car après tout, la peinture est une émotion et fait retentir un son vivant.
D’une extrême densité plastique, l’œuvre de Jean-Claude Bourgeois est le reflet d’un personnage où la puissance et l’émotion naissent de cette quête de l’existence.

Association des Amis de Jean-Claude Bourgeois